La Pitié, 1612-2012

La Pitié, 1612-2012

Parcours chronologique sur 400 ans d’histoire de l’hôpital de la Pitié.

Les bâtiments de la nouvelle Pitié, juin 1961
Les bâtiments de la nouvelle Pitié, juin 1961

La fondation de la Pitié ou Notre-Dame-de-Pitié remonte à la régence de Marie de Médicis en 1612. La maison hospitalière doit son nom à sa chapelle placée sous l’invocation de Notre Dame de Pitié. En application de l’édit du 27 avril 1612 ordonnant l’éloignement des pauvres des établissements charitables pour lutter contre la mendicité, la Pitié, située faubourg Saint-Victor à Paris, devient dans un premier temps un refuge pour mendiants et vieillards. L’application de l’édit s’avère un échec, si bien que l’établissement devient un lieu d’asile pour enfants et filles publiques : il prend alors le nom de Bon-secours et de Refuge en référence à ses affectations respectives.

Agrandie et rattachée en 1657 à l’administration de l’Hôpital général, la maison du faubourg Saint-Victor devient également chef-lieu de l’institution hospitalière. Par délibération du 7 mai 1657, la maison de Refuge change de dénomination et s’appelle Notre-Dame-de-Pitié. Lieu de refuge pour les enfants mendiants, trouvés et orphelins, la maison prend le nom d’orphelinat Saint-Victor en 1792. Pendant la Révolution, il s’appelle successivement maison de la Patrie ou hospice des enfants et des élèves de la Patrie, puis en 1803 hospice des Orphelins. Les archives anciennes de l’Hôpital général, à l’exception de quelques pièces, ont entièrement disparu dans un incendie lors de la Commune de Paris en 1871. Le service des Archives de l’AP-HP conserve cependant des registres de population de la Pitié (entrées dans l’établissement) depuis 1701.

En 1808, l’Administration demande l’évacuation des enfants hébergés à la Pitié vers l’hospice des Enfants-Trouvés du faubourg Saint-Antoine. L’établissement est alors converti en annexe de l’Hôtel-Dieu. Un an plus tard, le 1er janvier 1809, une délibération du Conseil général des hospices attribue à l’établissement de la rue Lacepède (dans l’actuel 5e arrondissement de Paris) le nom d’hôpital de la Pitié : dès lors il reçoit dans ses services de médecine et de chirurgie des adultes atteints de maladies aiguës et s’apparente à un hôpital de quartier totalement indépendant de l’Hôtel-Dieu. Dans les comptes financiers de l’administration des hospices civils et secours de la ville de Paris, l’établissement est identifié sous la dénomination Pitié – Annexe de l’Hôtel-Dieu.

L’hôpital devient autonome sur le plan médical et administratif en 1816. Jusqu’à cette date, le service médical y était assuré par les médecins de l’Hôtel-Dieu. En 1821, on compte trois médecins dont le Docteur Béclard, premier chirurgien en chef de la Pitié. En 1843, il y a deux services de chirurgie et cinq de médecine (ils sont six en 1911 lors de la fermeture de l’hôpital). L’établissement gère 433 lits en 1820, 616 en 1840 et 691 en 1911. Tout au long du XIXe siècle des agrandissements, remaniements et réparations sont réalisés sur les bâtiments. La Pitié est alors un assemblage de constructions, peu fonctionnelles et datant pour les plus anciennes de la fondation en 1612.

La maison de la rue Lacépède nécessite de grands travaux. En raison de l’état de délabrement des bâtisses, l’administration de l’Assistance publique décide en 1904 de procéder à la démolition de l’établissement et de le reconstruire sur des terrains vacants de l’hôpital de la Salpêtrière. Les travaux d’édification de la nouvelle Pitié, placés sous la responsabilité de l’architecte Justin Rochet commencent le 1er février 1905 et s’achèvent au printemps 1911. La disposition des bâtiments, l’aménagement et le souci de l’hygiène des malades et des soignants constituent la préoccupation principale de l’architecte. Le coût de la construction s’élève à 10 millions de francs et l’hôpital contient 874 lits et 114 berceaux, soit une capacité de 988 malades.

L’établissement ouvre en juin 1911 tandis que l’ancienne Pitié demeure en activité. Sa démolition est autorisée en novembre 1911 alors que la nouvelle Pitié est en plein exercice : le remplacement de l’ancienne structure par la nouvelle s’exerce ainsi sans interruption de l’activité hospitalière. La nouvelle Pitié du boulevard de l’Hôpital, dans le 13e arrondissement, accueille ses premiers patients le 29 juin 1911. La mise en service progressive de ses 988 lits s’échelonne au long de l’été 1911. Enfin, l’inauguration a lieu le 19 mars 1913 mars en présence du Président de la République Raymond Poincaré.

Deux illustres médecins ont marqué cette période : Joseph Babinski (1857-1932), chef de clinique de Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière, il est affecté à la Pitié en 1900. Il y mène de nombreux travaux et recherches en neurologie mais surtout il est le premier à oser réviser les thèses de Charcot en affirmant que l’hystérie est un état pathologique lié à des troubles de la personnalité ; Clovis Vincent (1879-1948) effectue toute sa carrière à la Pitié. Intéressé par la chirurgie cérébrale, il se forme aux États-Unis puis revient à la Pitié en 1929. En 1933, l’Assistance publique crée pour lui le premier service de neuro-chirurgie d’Europe.

Par arrêté du 13 mars 1964, les hôpitaux mitoyens de la Pitié et de la Salpêtrière fusionnent pour former un établissement unique appelé d’abord groupe hospitalier la Pitié – la Salpêtrière, puis Pitié-Salpêtrière. En 1968, le professeur Christian Cabrol effectue à la Pitié la première transplantation cardiaque européenne et, quelques années plus tard, la première greffe cœur poumon. En 2011, l’hôpital Charles-Foix rejoint le groupe hospitalier. Depuis le 1er août 2012, le groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière – Charles Foix est dénommé Hôpitaux Universitaires Pitié-Salpêtrière – Charles Foix. Il gère 1 736 lits en 2012.