Challenge 2023 – Les soins

Challenge 2023 – Les soins

"Une opération à la maternité", vers 1900
"Une opération à la maternité", vers 1900 (Archives AP-HP, C/660/3/17).

A comme Anesthésie

Si l’on en croit l’expression « il faut souffrir pour guérir », les soins sont synonymes de douleur.

Avant l’arrivée de l’anesthésie, les plantes, le froid, les décoctions de nicotine, l’opium ou l’alcool étaient principalement utilisés pour atténuer la douleur et rendre le corps moins sensible aux actes pratiqués sur lui. Les avancées médicales et chimique du XIXe siècle permettent progressivement d’améliorer les méthodes d’anesthésie.

Ainsi, Louis Ombrédanne (1871-1956), chirurgien pendant 24 ans à l’hôpital des Enfants malades, conçoit un masque d’anesthésie générale à l’éther. Commercialisé par la société Collin, il est l’unique appareil d’anesthésie utilisé dans les salles d’opération des hôpitaux de l’Assistance publique de 1909 à 1938. On l’y a utilisé jusqu’en 1960.

Cure de soleil, hôpital marin San Salvadour, 1926
Cure de soleil, hôpital marin San Salvadour, 1926 (Archives AP-HP, 3/FI/3/40/21).

B comme Bain de soleil

Bains de soleil, bols d’air et repos constituent les principales préconisations des médecins pour soigner la tuberculose dans les sanatoriums à la fin du XIXe siècle. Cette maladie infectieuse qui touche souvent les poumons, contagieuse et parfois mortelle, apparait comme l’un des fléaux majeurs du XIXe siècle et de la 1re moitié du XXe siècle.

Dès 1861, convaincue que l’air de la mer produit des effets bénéfiques sur les tuberculeux, l’Assistance publique choisit la ville de Berck-sur-Mer pour y envoyer en traitement les enfants assistés de la Seine. Les bâtiments sont construits de manière à ce que les salles communes laissent passer le plus de lumière possible. Des balcons sont aménagés afin que les malades puissent bénéficier au mieux des courants d’air. Les médecins invitent également les jeunes patients à se promener en bord de mer pour prendre l’air et le soleil à des heures prédéfinies.

Amphithéâtre de cours de l’École de chirurgie, 1973
Amphithéâtre de cours de l’École de chirurgie, 1973 (Archives AP-HP, 86/FI/52).

C comme Chirurgie

Le corps humain se révélant le principal objet d’étude pour la pratique médicale –  chirurgie, médecine et anatomie – le Conseil général des hospices décide la création de l’Amphithéâtre d’anatomie en 1821. Tous les amphithéâtres particuliers sont supprimés, et grâce à l’encadrement de l’étude des corps et de la dissection, la science peut progresser à l’abri des regards tout en garantissant la salubrité publique. Les travaux se font sous la responsabilité du chef des travaux anatomiques qui réserve le corps demandé pour une recherche précise. Des garçons de salle procèdent à l’installation des cadavres, à l’entretien du matériel et à la propreté des locaux.

Véritables lieux de formation, les salles de dissection, le musée d’anatomie et l’amphithéâtre pour les cours accueillent dès 1833 les premiers internes et externes qui peuvent ainsi améliorer leur technique. Progressivement, l’Amphithéâtre s’oriente vers la formation et le perfectionnement des chirurgiens et élèves-chirurgiens. Il est d’ailleurs rebaptisé École de chirurgie dans les années 1970.

Examen caractérologique, questionnaire de Woodworth-Mathews modifié, 1946
Examen caractérologique, questionnaire de Woodworth-Mathews modifié, 1946 (Archives AP-HP, 1338/W/172).

D comme Diagnostic

Le diagnostic permet d’identifier une maladie grâce aux signes et symptômes contractés par le malade. Au début de la pédopsychiatrie, le Dr Georges Heuyer cherche à identifier et à classifier les troubles des personnes dites « anormales » pour une meilleure prise en charge. Le dépistage consiste en une série de tests mentaux.

Les premières réponses sont toujours aisément vérifiables par le médecin : prénom, âge, date de naissance, date et saison de la consultation… La suite de l’examen peut comprendre des épreuves de mémoire, de comptage, l’élaboration de définitions ou encore des questions de jugement faciles, difficiles ou absurdes.

Le « Questionnaires en images » paru dans la Revue de neuropsychiatrie infantile et d’hygiène mentale de l’enfance en 1955 regroupe ces tests par catégorie. Par exemple, dans « Angoisses immotivées, idées obsédantes », on peut trouver les questions suivantes : t’arrive-t-il d’avoir comme ça, des idées embêtantes dont tu ne peux pas te débarrasser ? Lesquelles ? Comment fais-tu pour les chasser ? d’entendre dans ta tête des voix qui disent des choses méchantes ?

Hôpital Jean Verdier, échographie gastro-hépatique, 1992.
Hôpital Jean Verdier, échographie gastro-hépatique, 1992 (Archives AP-HP, 36/FI/211).

E comme Échographie

Le saviez-vous ? L’échographie gynécologique mise au point dans les années 1950 est une grande avancée dans le suivi de la grossesse. Cette technique d’imagerie permet aux médecins et aux jeunes parents de s’assurer de la bonne formation du fœtus, de savoir le sexe du futur enfant…

Si aujourd’hui, l’échographie est très souvent associée à la maternité, elle est aussi pratiquée dans d’autres disciplines médicales. Elle est notamment utilisée pour vérifier ou étudier les organes. Ainsi, on peut avoir recours à cet examen pour détecter une maladie du cœur, des reins, du foie ou encore du tube digestif.

Photographie de groupe sur laquelle apparaît Léon Dufourmel.
Photographie de groupe sur laquelle apparaît Léon Dufourmel (Archives AP-HP, 834/FOSS/37).

F comme Face

Connaissez-vous la famille Dufourmentel ? Deux de ses membres, tous deux chirurgiens, ont brillé par leur maîtrise de la chirurgie reconstructrice et plastique : Léon (1884-1957) et son fils Claude (1915-2012).

Léon Dufourmentel fait ses classes à l’Assistance publique de 1905 à 1914. Il se spécialise dans la chirurgie maxillo-faciale et s’occupe notamment de réparer les blessés du visage de la Première Guerre mondiale, ceux que l’on appelle les « gueules cassées ». Il est considéré comme le chef de file de la chirurgie constructive. Son fils, Claude Dufourmentel, est à l’origine de la création du premier service de chirurgie plastique en France, constitué en 1961 à l’hôpital Lariboisière. Il transfère par la suite son service à l’hôpital Saint-Louis en janvier 1962 et le dirige jusqu’en 1980.

Les Archives de l’AP-HP conservent les archives de la famille de ces éminents chirurgiens.

Statuts de l’institution Sainte-Périne, 1803.
Statuts de l’institution Sainte-Périne, 1803 (Archives AP-HP, A/2207/11).

G comme Gériatrie

Les maisons de retraite et les hospices qui voient le jour au XIXe siècle stimulent le développement de la gériatrie, ou médecine de la vieillesse, qui a pour objectif d’améliorer le quotidien des patients ayant des pathologies liées au grand âge.

« Après l’obligation d’être juste envers tous, la première vertu, le devoir le plus sacré de toutes les sociétés, c’est l’humanité et la bienfaisance, c’est de porter une prévoyance paternelle sur tous les individus de la même famille, de leur donner, ou des ressources dans la vieillesse et les infirmités, ou un abri, même dans l’opulence contre les revers de la fortune et des évènements » : tels sont les propos introduisant les statuts de l’institution de Sainte-Périne à sa création en 1803.

Aujourd’hui encore la santé et le bon accueil des personnes âgées constituent le fondement de la mission de l’hôpital Sainte-Périne, spécialisé en gériatrie.

Hôpital Port-Royal, infirmerie des élèves sages-femmes, avec des patientes allongées dans leurs lits, 1936.
Hôpital Port-Royal, infirmerie des élèves sages-femmes, avec des patientes allongées dans leurs lits, 1936 (Archives AP-HP, PRR/3/Fi/3/25/82). entourés par les élèves sages-femmes lors des examens des femmes enceintes dans une salle de la maternité. 1936.

H comme Hygiène

Au XIXe siècle, les femmes enceintes préfèrent accoucher dans la sécurité de leur foyer plutôt que dans les hôpitaux. Contrairement à aujourd’hui, les femmes parisiennes avaient 17 fois plus de chance de mourir en accouchant à l’hôpital plutôt qu’en ville. En 1858, 2 237 femmes ont accouché à la Maternité de Paris (aujourd’hui maternité Port-Royal) dont 132 sont mortes. La même année, pour 3 222 accouchements en ville, on dénombre seulement 10 décès. Ce constat se retrouve d’un hôpital à l’autre : l’Hôtel-Dieu, Saint Louis, Saint-Antoine ou encore Lariboisière enregistrent un fort taux de décès de parturientes.

En effet, l’hygiène dans les hôpitaux n’est pas la priorité du XIXe siècle, favorisant ainsi la transmission de la fièvre puerpérale d’une femme enceinte à une autre. À la fin du XIXe siècle, s’opère un long processus d’hygiénisation de l’hôpital, notamment grâce aux découvertes et aux travaux de Pasteur. Cet aspect novateur, ainsi que la professionnalisation du personnel chargé de la santé des femmes enceintes, conduisent finalement de nos jours, à faire des maternités et des hôpitaux les lieux privilégiés pour accoucher.

Hôtel-Dieu, registre des délibérations, séance du 14 février 1770.
Hôtel-Dieu, registre des délibérations, séance du 14 février 1770 (Archives AP-HP, HD/409).

I comme Inoculation

L’inoculation est le procédé par lequel on injecte un germe d’une maladie dans le corps d’une personne pour l’aider à la combattre. Il s’agit de l’ancêtre du vaccin.

Saviez-vous que le 14 février 1770, l’Hôtel-Dieu subit un vol de germe de la « petite vérole » (plus connue sous le nom de variole) ? En effet, les administrateurs de l’établissement sont informés que des particuliers prélèvent dans les salles Saint-François et Sainte-Monique, spécialement affectées au traitement de la variole, des germes de cette maladie pour pratiquer l’inoculation. Le chirurgien en chef et les médecins s’en inquiètent, car les malades traités dans ces salles sont atteints d’une variole de mauvaise espèce. L’inoculation pourrait avoir de graves conséquences sur la santé de ceux qui l’ont pratiquée.

Ainsi l’Hôtel-Dieu décide de fermer les salles des malades aux visiteurs libres et de renvoyer sur le champ tous les employés qui aideraient, même indirectement, un particulier à se procurer des germes de la maladie.

Hôpital Cochin, lettres au directeur général concernant les festivités du service du Dr Edouard Dujardin-Beaumetz, 1892.
Hôpital Cochin, lettres au directeur général concernant les festivités du service du Dr Edouard Dujardin-Beaumetz, 1892 (Archives AP-HP, 9/L/70).

J comme Jeu

Se divertir et se sentir bien permettent à un patient d’être dans de meilleures dispositions pour combattre une maladie. Ainsi les séances récréatives, les fêtes et autres divertissements se sont multipliés dans les établissements de santé dès la fin du XIXe siècle.

À l’hôpital Cochin, le Dr Édouard Dujardin-Beaumetz organise différents types de festivités pour ses malades. En 1892, de retour à l’hôpital après une indisposition de trois mois, il est accueilli avec joie dans le service par ses malades qui ont eux-mêmes décoré les lieux de banderoles de papiers multicolores et de guirlandes de verdure fait par leur soin, avec la complicité du personnel.

Très touché par cet accueil, en remerciement, le Dr Dujardin-Beaumetz organise une matinée concert à ses frais. Celle-ci se déroule le 28 avril ; chanteuses et acteurs effectuent des numéros musicaux pour les malades et le personnel du service, mais également à quelques visiteurs curieux alors présents dans l’hôpital.

Flacons et cassettes pour l'anatomie pathologique de la Pharmacie centrale, 1989.
Flacons et cassettes pour l'anatomie pathologique de la Pharmacie centrale, 1989 (Archives AP-HP, 55/FI/518).

K comme Kit de secours

Les pharmacies hospitalières gèrent les stocks de préparations pharmaceutiques et la distribution de tous les médicaments nécessaires aux soins. C’est avec leur concours que les substances médicinales sont administrées en urgence si l’état d’un patient hospitalisé s’aggrave soudainement.

Les stocks sont minutieusement tenus à jour afin d’éviter pénurie, vol et erreur de prescription.

Le cahier de cours de Jane Fleisher, élève infirmière à l’école d’infirmières de l’Assistance publique, nous apprend que l’utilisation des médicaments à l’hôpital est rigoureusement contrôlée depuis le décret du 12 juin 1902 qui impose l’affichage de la liste des médicaments sur l’un des côtés intérieurs de l’armoire à pharmacie. De même, tout bon de demande de médicament doit être signé par un médecin. Toute autre personne qui fait une prescription exerce illégalement la médecine et peut être poursuivie pour délivrance irrégulière des médicaments si ceux-ci sont toxiques ».

« Ligature de l'artère tibiale postérieure », planche anatomique signée H. Frantz.
« Ligature de l'artère tibiale postérieure », planche anatomique signée H. Frantz, (Archives AP-HP, 2/FI/129).

L comme Ligature

Dès le XVIIe siècle, la ligature désigne une opération consistant à utiliser un lien afin de panser une plaie ou de réparer un vaisseau ou une tumeur. Dans le livre « Observations et réflexions sur la ligature des principales artères blessées et principalement sur l’anévrisme de l’artère poplitée », Jos.-Fr.-L. Deschamps étudie le bénéfice des ligatures réalisées suite à une blessure ou une opération. Cette avancée médicale a contribué à éviter l’amputation systématique du membre blessé.

Salle de rééducation de l’hôpital Cochin, 1959.
Salle de rééducation de l’hôpital Cochin, 1959 (Archives AP-HP, CCH/3/FI/4/909).

M comme Motricité

Le soin passe également par le mouvement. Une rééducation physique est parfois nécessaire après une maladie ou une blessure afin de remobiliser certaines parties du corps et l’aider à retrouver toute leur motricité.

La kinésithérapie traite l’appareil de soutien du corps, notamment les os et les articulations, par des mouvements imposés, combinés à des massages. La mécanothérapie, technique de kinésithérapie, se développe au XIXe siècle : elle utilise des appareils mécaniques pour solliciter les muscles et les articulations. La machine accompagne en douceur le corps et permet une régularité dans les mouvements répétitifs pour récupérer la motricité perdue. Cette méthode de rééducation se parfait au cours des deux guerres mondiales, contribuant à la réparation de nombreux corps blessés aux combats.

Déroulement d’une opération, 1961.
Déroulement d’une opération, 1961 (Archives AP-HP, 33/Z/5).

N comme Neurologie

Spécialité reconnue initialement comme la science qui étudie les nerfs (tendons, ligaments), la neurologie est redéfinie en 1890 comme une branche de la médecine traitant les maladies du système nerveux. Les Archives de l’AP-HP conservent la trace d’éminents neurologues comme le Dr Marc-Richard Klein, neurochirurgien à l’hôpital Necker – Enfants-malades. Après des études de médecine à Strasbourg, il est reçu au concours de l’externat de l’Assistance publique en 1930 puis au concours de l’internat l’année suivante. Il passe alors 4 ans dans le service de neurologie du professeur Barré (élève de Babinski) et 1 an dans celui du professeur Merklen où il consolide la base de ses connaissances neurologiques et se familiarise avec la symptomatologie des tumeurs cérébrales.

En 1936, il assiste le professeur Clovis Vincent, fondateur de la neuro-chirurgie française, à l’hôpital de la Pitié. En 1947, il est nommé chef du département de neurochirurgie infantile à la clinique de chirurgie infantile de l’hôpital Necker – Enfants-malades. Secrétaire général de l’association de l’Institut du cerveau, il participe au développement des études, des expériences et des recherches scientifiques sur les questions de thérapies se rapportant à la neurologie et neuro-chirurgie et aux affections et troubles du système nerveux.

Fiche de scolarité de la faculté de Paris de Henri Parinaud.
Fiche de scolarité de la faculté de Paris de Henri Parinaud (Archives AP-HP, 774/FOSS/220/51).

O comme Ophtalmologie

Henri Parinaud (1845-1905), considéré comme un des pères de l’ophtalmologie française, est reçu interne des hôpitaux de Paris au concours de 1872. Il exerce alors dans les hôpitaux Bicêtre, Beaujon, Hôtel-Dieu et Enfants-malades.

La première chaire de clinique ophtalmologique est créée à l’Hôtel-Dieu en 1879, les pathologies oculaires devenant rapidement une des spécialités de l’hôpital. La statue de son premier titulaire, Photinos Panas (1831-1903), trônait dans la cour de l’hôpital devant le bâtiment d’ophtalmologie. Il a travaillé dans les hôpitaux Lourcine, Saint-Antoine, Lariboisière et Hôtel-Dieu. Reçu interne des hôpitaux de Paris au concours de 1855, il devient docteur en médecine en 1861 et chirurgien des hôpitaux en 1863. À partir de 1869, il est chargé de la consultation des yeux au Bureau central des hôpitaux et assure le cours d’ophtalmologie à la faculté de médecine de Paris en 1873.

« Si tu veux ta maison, ne la bois pas », affiche réalisée avec l’aide de l’Institut national d’Hygiène, début XXe siècle.
« Si tu veux ta maison, ne la bois pas », affiche réalisée avec l’aide de l’Institut national d’Hygiène, début XXe siècle, (Archives AP-HP, 4/FI/1817).

P comme Prévention

Et si le soin passait aussi par la prévention ? Les thèmes très variés sont présents de nos jours dans les nombreuses campagnes de communication : hygiène de vie, transmission des maladies, infections, accidents, addictions… L’information et la discussion pointent du doigt des comportements à risque, favorisent les dépistages et les bons réflexes pour éviter, dans la mesure du possible, une prise en charge médicale plus lourde puisque plus tardive.

On ne peut qu’apprécier cette affiche de prévention du Comité national de défense contre l’alcoolisme datant du début du XXe siècle.

Hôpital Claude-Bernard, dortoir pour la variole dans le Pavillon 3, sans date.
Hôpital Claude-Bernard, dortoir pour la variole dans le Pavillon 3, sans date (Archives AP-HP, CLB/3/FI/3/11/3).

Q comme Quarantaine

En 1887, l’hôpital temporaire des varioleux d’Aubervilliers (aujourd’hui hôpital Bichat – Claude-Bernard) est un hôpital particulier destiné au traitement des maladies contagieuses. Lorsqu’un malade arrive, un interne est chargé de l’examiner pour déterminer la nature et la contagiosité de sa maladie.

S’il est atteint de variole, il est directement envoyé dans la salle des varioleux. S’il souffre d’une autre affection, il est placé à l’isolement ou dans une salle de soins.

Dans tous les cas, pour éviter la transmission de la maladie, le patient se voit attribuer des vêtements par l’hôpital. Les siens sont immédiatement trempés dans une solution de chlorure de zinc puis envoyés au blanchissage.

Isolement, désinfection et vaccination sont les mots d’ordre appliqués par l’Assistance publique pour endiguer les épidémies de variole ou de toute autre maladie contagieuse.

Hôpital Saint-Antoine, atelier de mécanique attaché au laboratoire de radiothérapie, 1925.
Hôpital Saint-Antoine, atelier de mécanique attaché au laboratoire de radiothérapie, 1925 (Archives AP-HP, SAT/3/FI/4/460).

R comme Radiographie

En 1897, la demande de création d’un service de radiographie et d’électrothérapie à l’hôpital Beaujon est rejetée au motif que cette discipline est encore soumise à des progrès incessants. Un service de radiographie nécessiterait donc des changements de matériels trop réguliers. Cependant la sollicitation émanant de plusieurs hôpitaux se faisant de plus en plus pressante, le conseil de surveillance accepte d’étudier la possibilité d’ouvrir quelques services de radiothérapie.

À l’hôpital Saint-Antoine, en 1900, le docteur Antoine Béclère est enfin autorisé à faire installer, dans le laboratoire contigu à son service, un rideau noir à la fenêtre, un tambour devant la porte ainsi qu’une cuve de 0,60 m de long, afin de produire des épreuves radiographiques.

Progressivement, le laboratoire du docteur Béclère se développe jusqu’à devenir en 1921 un double service, à la fois de médecine générale pour hommes et femmes et de radiothérapie pour les malades externes, complété par des laboratoires de radioscopie et d’anatomie pathologique et bactériologique.

Hôpital Necker, secrétariat du laboratoire de sérologie prophylactique, 1967.
Hôpital Necker, secrétariat du laboratoire de sérologie prophylactique, 1967 (Archives AP-HP, NCK/3/FI/4/3200).

S comme Sérologie.

Dans les années 1940, l’hôpital des Enfants malades dispose d’un laboratoire de sérologie prophylactique. Sa mission consiste à faire des prélèvements sanguins sur des malades puis à les analyser pour trouver des moyens d’empêcher l’aggravation des maladies. Les prélèvements sont faits sur des malades de l’hôpital, idéalement sur des personnes étant à un stade peu avancé de la maladie.

En 1946, le laboratoire obtient des locaux plus grands, et de ce fait, il décuple son activité. À sa tête se trouve une doctoresse qui encadre 4 agents : une infirmière et une aide de laboratoire pour le prélèvement et la préparation des sérums sanguins, une personne chargée de la stérilisation des flacons et un agent qui s’occupe de l’achat de matériel et des échanges avec l’hôpital Saint Antoine.

En effet, ce laboratoire apporte une aide précieuse pour l’association de transfusion sanguine, dont nous parlerons plus en détail demain à l’occasion de la lettre T comme Transfusion.

Cartes et fiches utilisées par l’œuvre « La Transfusion sanguine d’urgence », 1933-1939.
Cartes et fiches utilisées par l’œuvre « La Transfusion sanguine d’urgence », 1933-1939 (Archives AP-HP, 9/L/3).

T comme Transfusion.

L’association « Transfusion sanguine d’urgence » créée en 1928 a pour mission d’effectuer les transfusions sanguines dans un délai minimum avec le maximum de sécurité.

Établie à l’hôpital Saint-Antoine, sa permanence permet de recruter des donneurs de sang par inscription sur des registres et d’organiser un service de garde dédié à la transfusion. Autonome mais en lien étroit avec l’hôpital, l’association dispose des locaux et du matériel fournis par l’Assistance publique. En cas d’absence de l’agent d’accueil, la ligne directe de téléphone du standard est basculée sur celui de l’hôpital ouverte 24h/24.

Hôpital Cochin, pavillon Albarran, service de chirurgie urinaire, 1928.
Hôpital Cochin, pavillon Albarran, service de chirurgie urinaire, 1928 (Archives AP-HP, CCH/3/FI/4/58).

U comme Urologie

Né le 28 octobre 1877, Maurice Auguste Adolphe Chevassu est reçu premier au concours d’externat des hôpitaux de Paris en 1898. En 1900, il débute son internat qu’il achève cinq ans plus tard. Spécialisé dans l’urologie, il publie sa thèse, Tumeur du testicule, en 1906.

Nommé à la tête du service des voies urinaires de l’hôpital Cochin en 1919, il le modernise jusqu’à obtenir la construction d’un nouveau pavillon spécialement dédié à sa spécialité. Rebaptisé service de chirurgie urinaire en 1926, son service comprend des salles d’opération, de radiologie, d’urétroscopie, de cystoscopie et un laboratoire d’analyses.

Nommé professeur, il obtient en 1933 une chaire d’urologie à l’hôpital Necker. En 1938, il devient membre de l’Académie de médecine.

Extrait des délibérations de la commission administrative des hospices civils de Paris, octobre 1797.
Extrait des délibérations de la commission administrative des hospices civils de Paris, octobre 1797 (Archives AP-HP, 9/L/169).

V comme Vin

Considéré comme plus hygiénique que l’eau aux XVIIIe et XIXe siècles, le vin est utilisé par les hôpitaux de diverses façons : pour s’hydrater et pour se soigner. Le vin sert non seulement à purifier l’eau des bactéries, mais aussi à préparer des médicaments.

En octobre 1797, les médecins réclament qu’il soit accordé à la pharmacie de l’Hôtel-Dieu une quantité suffisante de vin blanc pour préparer les vins médicamenteux dont la préparation diffère selon la nature de la maladie à soigner. La commission administrative des hospices civils de Paris autorise la livraison de quatre pintes de vin blanc.

En 1960, le vin est toujours utilisé pour la préparation de certains médicaments. La pharmacie centrale recensait alors dans ses produits du vin de gentiane, du vin diurétique et du vin aromatique.

Hôpital Lariboisière, séchoirs rotatifs et machines à sécher de la blanchisserie, 1934.
Hôpital Lariboisière, séchoirs rotatifs et machines à sécher de la blanchisserie, 1934 (Archives AP-HP, 3/FI/3/23/78).

W comme White

Les blanchisseries, présentes depuis 1906 dans chaque établissement hospitalier, ont la charge de laver, nettoyer et repasser le linge du personnel et des malades. Une blanchisserie centrale voit le jour en 1946 pour encadrer les blanchisseries locales. Le soin apporté à la désinfection du linge joue un rôle majeur dans l’arrêt de la propagation des maladies à l’hôpital.

Mais saviez-vous qu’avant la fin du XIXe siècle, les tenues du personnel étaient de couleur noire ou sombre ? Cette couleur était préférée des médecins et chirurgiens car symbole de sérieux et de noblesse. Ce n’est qu’avec la découverte du microbe par Louis Pasteur dans les années 1870, qui impose la désinfection des tenues du personnel médical, que les couleurs foncées sont progressivement abandonnées. Le blanc, devenu r emblématique de la blouse, est choisi car il ne déteint pas au lavage, qu’importe la température.

Étiquettes de produits pharmaceutiques, vers 1960.
Étiquettes de produits pharmaceutiques, vers 1960 (Archives AP-HP, 834/FOSS/54).

X comme Toxique

Le soin passe bien souvent par l’administration de médicaments. Qu’ils soient de nature végétale, minérale, animale ou chimique, leur étiquetage doit donner trois informations essentielles : identification du produit, mention des précautions d’emploi et des conditions normales d’utilisation et référencement de la fabrication par un numéro de lot permettant de tracer la qualité des matières premières et du produit fini.

Au milieu du XXe siècle, différentes couleurs sont attribuées aux étiquettes des contenants des préparations pharmaceutiques en fonction de leur dangerosité et de leur toxicité. La couleur rouge indique un poison dont il ne faut surtout pas dépasser la dose prescrite alors que la couleur verte indique un produit dangereux. Les produits étiquetés en blanc ou crème sont moins dangereux.

Ainsi, la « poudre de Lucas Championnière » est classée dans les médicaments toxiques : utilisée comme antiseptique et absorbant, elle est préparée à partir de poudre de carbonate de magnésium, de poudre de quinquina rouge, de poudre de benjoin et d’essence d’eucalyptus.

État de la recette et de la dépense en nourriture des jours gras et maigres, dressé par Thomas Kiechler, commis à la dépense, Hôtel-Dieu, 1679.
État de la recette et de la dépense en nourriture des jours gras et maigres, dressé par Thomas Kiechler, commis à la dépense, Hôtel-Dieu, 1679 (Archives AP-HP, HDSUPP/372).

Y comme Yaourt

Si le lait est principalement destiné aux enfants, les produits laitiers constituent une source importante de calcium et, à ce titre, yaourts et fromage s’intègrent logiquement dans une alimentation équilibrée.

Aussi retrouve-t-on la mention de produits lactés très tôt dans les archives, comme dans ce registre de comptes de l’Hôtel-Dieu en 1679 : utilisé pour détailler les ventes et les achats de l’établissement, il indique les quantités de nourriture acquises en fonction du nombre de malades, ecclésiastiques, religieuses et serviteurs présents dans l’hôpital. Pour les malades, les quantités sont détaillées selon le régime alimentaire prescrit.

En fin de cahier, un récapitulatif donne les quantités dépensées par types d’aliment : viandes et poissons divers, produits lactés, légumes (oignons, choux verts, poireaux), fruits, condiments (sel, moutarde, huile)…

Cours de phonétique, 1974.
Cours de phonétique, 1974 (Archives AP-HP, 40/Z/2).

Z comme Zézaiement…

… bégaiement, dyslexie, troubles de l’articulation ou de l’acquisition du langage se corrigent ou sont compensés grâce à l’orthophonie. La profession d’orthophoniste vise à prendre en charge les pathologies de la voix, de la parole et du langage écrit et oral.

Les archives données par Mme Catherine Haguette, orthophoniste, contiennent des cours et notes prises pendant ses études à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de 1974 à 1977. Les thèmes abordés offrent un point de vue sur la diversité des enseignements : phonétique, linguistique, psychomotricité, anatomie de l’audition, psychologie, sans oublier la rééducation des enfants sourds.